Sécheresse/Impact sur le rendement Le champ des possibles reste ouvert
À l’heure actuelle, rien n’est établi quant à l'impact sur le potentiel des cultures et plusieurs paramètres peuvent encore jouer sur le rendement. Jean-Charles Deswarte d’Arvalis-Institut du végétal revient sur le déséquilibre hydrique qui a commencé dès l’hiver, et ses conséquences au champ. Pour la plante, la période la plus sensible au manque d’eau court du stade gonflement jusqu’à vingt jours après floraison.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
|
Un déséquilibre hydrique qui remonte à l’hiver dernier
Jean-Charles Deswarte rappelle que « le manque d’eau courant montaison n’est pas une surprise en soi : dans de nombreuses régions, les mois de mars et surtout avril sont fréquemment plus secs que le mois de mai ». En revanche, selon lui, ce qui est remarquable et pénalisant, c’est la faiblesse des précipitations depuis le 1er mars qui s’ajoute par endroits à un mois de février déjà sec. « C’est un déséquilibre de 50 à 100 mm du critère P-Etp (précipitations P et évapotranspiration potentielle Etp) qui touche la France depuis le 1er janvier : le Sud-Est est plutôt plus arrosé que d’habitude tandis qu’il fait vraiment plus sec (moins de pluie, plus d’Etp) au-dessus d’une diagonale Biarritz-Besançon. »Les cultures entrent en stress hydrique
Comment reconnaître l’entrée en stress hydrique ? En première approche, on considère qu’une culture entre en état de stress hydrique (limitation de la transpiration) lorsqu’elle a épuisé la réserve facilement utilisable (Rfu), souvent évaluée par défaut aux deux tiers de la Réserve en eau du sol. L’analyse de bilans hydriques sur différentes stations météo permet de définir la date d’entrée en stress hydrique pour un type de sol donné. Cette année, on constate qu’à niveau de réserve utile identique, les différents sites entrent en phase de déficit hydrique de manière simultanée. |
Rendement : tout est possible… ou presque !
« La période du cycle des céréales la plus sensible au stress hydrique va du gonflement à 20 jours après floraison », rappelle Jean-Charles Deswarte. Ainsi, un déficit hydrique courant montaison peut ne pas porter préjudice au rendement, sous réserve que :
- le stress hydrique soit complètement levé à partir du gonflement ;
- les composantes précoces du rendement (densité d’épi, fertilité d’épi) ne soient pas devenues limitantes (possibilité de récupération sur les composantes de rendement mises en place ultérieurement) ;
- il n’y ait pas eu de carence azotée simultanée.
Jean-Charles Deswarte s’appuie sur l’analyse d’essais irrigation menés sur des sables profonds à Pusignan, près de Lyon. Les récoltes 2007 et 2009 ont été l’une et l’autre marquées par un déficit hydrique précoce (similaire à celui en cours), levé par le retour des pluies en 2007, et prolongé par une période sèche en 2009. « Par rapport à une modalité bien irriguée (proche de l’Etm), les pertes de rendements du témoin non irrigué varient de moins de 5 % (2007) à 50 % (2009), selon le retour ou non de la pluie à partir de l’épiaison. »
Quelle place à l’irrigation ?
L’essai 2009 de Pusignan disposait également de modalités d’irrigation intermédiaires (irrigation précoce, avant floraison, ou tardive, à partir de floraison). « L’irrigation tardive permet un meilleur rendement (+ 37 q/ha), avec une quantité d’eau apportée accrue (123 mm), qu’une irrigation précoce (+ 19 q/ha pour 70 mm). Dans le cas présent, la densité d’épis restait systématiquement satisfaisante (> 430 épis/m² pour Apache en modalités irriguées).
Dans le cas de sols superficiels (60 mm) conduisant à des déficits hydriques précoces, la densité et la fertilité des épis peuvent rapidement être mises à mal, sans capacité ultérieure de rattrapage : il est nécessaire dans ces situations d’intervenir plus tôt pour maintenir un potentiel de grains par m², en faisant éventuellement le pari d’un retour des pluies en phase post-floraison. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :